Le cairn de Gavrinis

Jeudi 31 mars 2022, de 9h00 à 9h45

Théâtre de Saint-Dizier

Interpréter Gavrinis : pour une archéologie des images

Depuis 2016, Serge Cassen (directeur de recherches, U.M.R. 5665 du CNRS) et son équipe (L.A.R.A., Université de Nantes) s’emploie à construire, pierre à pierre, un corpus renouvelé des gravures néolithiques inscrites au sein de supports aussi variés qu’un affleurement rocheux, une stèle, un ouvrage de pierres dressées ou les sépultures mégalithiques de Bretagne et d’ailleurs.

Cette opération intéresse aussi bien l’archéologue (la recherche fondamentale, la conservation et la protection du patrimoine) que les gestionnaires de site. On le sait, ces objets archéologiques en élévation disparaissent ou deviennent progressivement illisibles, ce qu’accentue leur dégagement par la fouille, les phénomènes naturels de météorisation ou l’érosion induite par la fréquentation touristique.

En effet, la pression touristique croissante que subissent ces gravures depuis 50 ans, qui a anticipé puis suivi les programmes de restaurations de plusieurs tombes en bouleversant souvent la climatologie interne, doivent en effet faire réfléchir aux mesures alternatives à la visite in situ de monuments en grave danger d’érosion (surcharges colorées des tracés, microclimats dommageables, pertes de matière).

Cet inventaire s’attache à enregistrer et représenter la gravure (entendue comme enlèvement de matière) au même niveau que le support auquel elle est étroitement associée, physiquement et symboliquement.

En parallèle, une expérimentation est engagée avec pour objectifs de déterminer les outils possibles pour graver le granite, l’orthogneiss et le quartz, de lister les différentes techniques et chaînes opératoires possibles pour la gravure et les préparations de surface, d’établir des ratios qualitatifs et quantitatifs en fonction de la nature du bloc support et des techniques retenues.

La contextualisation des supports ornés dans leur cadre naturel ou architectural est un autre objectif, afin que ne soit pas perdu ce lien historique et fonctionnel qui a souvent fait défaut dans les précédents travaux.

La finalité de ce programme de recherche est de pouvoir améliorer le rapport constant en archéologie, et notamment dans toute étude iconographique, entre représentation et interprétation. Une première exigence est en effet de trouver les moyens d’obtenir une meilleure présentation des gravures conservées ou perdues afin qu’une interprétation à leur propos puisse s’établir sur une base graphique renouvelée. Dans le même temps, le cadre conceptuel permettant de penser les signes et d’en établir une interprétation influence la façon de les représenter. Ce va-et-vient méthodologique aussi bien qu’épistémologique se précise au fur et à mesure.

Intervenant

Cyrille Chaigneau